En juillet, j’avais rencontré l’aventurière Anne-France Dautheville lors d’une conférence. C’est en relisant cette rencontre que je me suis rendue compte d’une chose : j’ai parfois une capacité exceptionnelle à me saboter.
Combien sommes-nous prêts à tout faire pour étouffer nos projets ?…et pourquoi ? sûrement pour ne pas paraître arrogants ou égoïstes. Ok c’est une belle manière de prouver son humilité et son respect. Pourtant, à force de mettre sous silence nos propres désirs, nous nous endormons. Impossible de vivre pleinement les choses. Au contraire, offrir au monde une expérience, un don « spécial », un trait de caractère unique ne peut être qu’enrichissant pour les gens qui vous entourent. Cela crée forcément du lien. Nous sommes loin de l’indifférence.
Est-ce une question d’émancipation et de liberté… comme un dur et long combat… et beaucoup plus encore pour toutes les femmes, même en 2019.
Alors voilà l’histoire de ce voyage au Maroc. Une amie, un jour où il était question je pense de sa « survie », a eu besoin de vivre pleinement les choses, seule. Pour se prouver aussi qu’elle était capable (elle a aussi une belle propension à se saboter comme moi), elle est partie voyager seule au Maroc, pays qu’elle affectionne terriblement. Ses voyages ont été une révélation qu’elle a voulu faire partager avec ses amies.
Fin septembre 2019, nous sommes parties légères et sereines malgré quelques railleries et « vous êtes folles » (non surtout vivantes). A pied, sac à dos, très peu d’affaires et d’argent, des cadeaux, des médicaments et une centaine de stylos, nous avons évité les sites touristiques pour arriver à Ouzina, de Ouarzazate en passant par Taouz.
Nos pieds solides nous ont portés vers des gens adorables. Nous avons beaucoup ri, vu des paysages exceptionnels. Nous avons pris les transports en commun, les taxis, fait du stop. Nous avons mangé et dormi dans des endroits magiques comme dans la Kasbah Baha Baha à Nkob (tourisme durable). Même le propriétaire du gîte Luna del fuego à Ifri, déjà complet, nous a installé une chambre sur sa terrasse. Les nuits à la belle étoile à l’auberge Porte de Sahara à Ouzina, la découverte et la beauté du désert, les effluves d’épices des tajines nous ont rempli de beauté et de bonté.
Nous avons souffert de la chaleur dans un désert de pierre à plus de 45 degrés. Mais peu des kilomètres, de l’incertitude d’un endroit où dormir ou de la barrière de la langue parfois. Nous avons souvent été accompagnées sans qu’on le demande avec beaucoup de bienveillance et de gentillesse. Ce n’était en rien aliénant. Les bouts de route partagés étaient tout simplement naturellement un partage. Nous avons eu beaucoup de chance de vivre un voyage comme cela. J’espère le revivre encore très prochainement.