Cinéma : Daniel Darc “Pieces of my life”
Réaliser sa mort comme réaliser son film. Lui qui cohabitait avec la faucheuse sans l’autoriser à le cueillir, cutter au poing. La pauvre prédatrice a souvent perdu son latin avec ce diablotin. Et ses amis ont dû s’habituer à ce borderline trip.
De longues bobines de films couleur jean délavé, la voix de Marc Dufaud nous raconte 25 ans d’amitié. Comme un cadet poursuivant son frangin rimbaldien, il refait vivre l’artiste punk parisien dans les ruelles et les salles de concert. Il revient dans son appartement vidé, ouvre la fenêtre pour nous offrir de son intimité.
Décédé en février 2013 à l’âge de 53 ans, Daniel Darc manque à ses potes mais aussi au public. Le film est beau et touchant comme ce garçon. Sa présence flegmatique caractérisée par son esprit libre tranche si joliment avec son âme d’écorché.
De Taxi Girl à Darc
Entre Daniel Darc et moi c’était souvent trop tôt ou trop tard. Taxi Girl trop tôt pour le suivre sur la route des concerts. Mais déjà je savais apprécier ses textes et notes rock dans le paysage de la chanson française comme Bashung et les Ritas.
1997 passe et avec elle l’album « Nijinsky ». Trop tard. Je n’ai pas de souvenir de leur tournée avec les Weird Sins et George Betzounis, guitariste.
Enfin le rendez-vous est pris. 2007, l’album Crèvecœur produit par Frédéric Lo. Je me souviens, je me rappelle l’écouter en boucle, et me dire enfin : ça fait du bien ! au lieu de nous servir de la… !
La fin des poètes
Est-ce la fin d’une époque, des poètes, des anticonformistes, des punks et rockeurs. La fin d’une génération. Reste quelques rescapés comme Arno, Thiéfaine…
Daniel Darc, une écriture sincère implorant ses démons, une écriture pour étouffer le diable et délivrer ses ancêtres des fils barbelés ensanglantés. Lui né dans une famille de déportés juifs. C’est auprès de son dieu qu’il trouve enfin le repos.